Flessel, l’adieu aux lames
Où l’on accompagne l’épéiste Laura Flessel, la plus capée des championnes olympiques françaises, jusque dans les derniers instants de sa carrière.
Voilà, c’est fini. Une dernière fois, Laura Flessel retire son masque. Une grimace de dépit brouille son visage. De larmes, il n’est pas encore question. Elles dévaleront tout à l’heure, lorsque la « Guêpe » enfouira sa détresse dans les cheveux de sa fille, Leïlou, elle aussi inconsolable. « Elle voulait me voir sourire pour la dernière fois et je ne peux pas. Ça lui fait mal », raconte la jeune retraitée, des sanglots au fond de la gorge. Elle salue tout le monde, intime l’ordre aux journalistes de « ne pas lâcher l’escrime » et s’engouffre d’un pas lent dans le vestiaire, le regard effacé. Elle n’est plus épéiste. Elle est une autre.
Voilà, c’est fini. Son rêve s’est effondré en 8e de finale sous les assauts de la Roumaine Gherman, connue des spécialistes pour avoir enlevé cette saison le titre européen. Un instant, court instant, Flessel, 40 ans tassés, retrouva sa malice d’antan. Menée 6-10, elle revint à la hauteur de Gherman à la faveur d’une de ces touches au pied, piqûre à l’instinct, qui lui ont valu son surnom de « Guêpe ». Une touche pour le souvenir. Une touche pour que dalle. Gherman plia l’affaire à 15-12 et il ne restait plus, dès lors, à la plus capée des championnes olympiques françaises (5 podiums, dont 2 titres) qu’à tirer sa révérence.
« Elle a été vaillante »
Voilà, c’est fini. Dans les tribunes, une foule de visages familiers. Sa fille, donc, mais aussi sa maman, sa nièce. Marie-Jo Pérec, sa frangine guadeloupéenne, en train de matraquer nerveusement son smartphone. Le président François Hollande. A l’applaudimètre, c’est elle qui a gagné. Haut la main. « Ces JO, répète-t-elle, ont été une réalisation familiale. Un beau projet. Pendant dix-neuf mois, tout le monde a trinqué pour cet objectif. Pour que j’y sois et que je me batte. »
Denis Colovic, son mari, fait bonne figure. Journaliste, il a eu le coup de foudre pour elle lors d’un reportage qu’il lui consacrait. « Je ne suis peut-être pas objectif, mais elle a été vaillante, juge-t-il. Comme elle l’est depuis le début. Laura a tout donné avec une détermination extraordinaire. » Les larmes, elle voudrait les éponger. Pourtant, les vannes sont ouvertes. « C’est à l’image de ma vie. Des pleurs, des médailles, du champagne, du stress », résume celle qui a toujours mené sa carrière en respectant la règle des « 3P » que lui a transmise son entraîneur, Michel Sicard : Peur, Plaisir, Performance.
Fière, quand même
Voilà, c’est fini. «Ces Jeux, assure son époux, elle ne les a pas abordés comme si c’étaient les derniers. Par-dessus tout, elle voulait gagner une dernière médaille pour son petit frère Sandro, décédé en décembre dernier. » L’émotion déferle. Laura Flessel n’est plus que fragilité. « C’est difficile de dire au revoir aux gens, constate-t-elle. Aujourd’hui, ce sont vingt-cinq ans de haut niveau qui s’en vont. Mais je suis fière de la petite Guadeloupéenne qui un jour a débarqué en métropole. »
Voilà, c’est fini. Laura Flessel a rangé ses lames. La famille va rentrer en France, tandis qu’elle, promue porte-drapeau, s’engagera au soutien de la délégation tricolore. Après ? Après, c’est l’ailleurs. « C’est une personne à l’écoute des autres. On a toujours travaillé dans ce sens, avec les enfants notamment. Jusqu’ici, à chaque fois qu’une association nous contactait, la réponse était non. Parce qu’il y avait un stage, une étape de Coupe du monde, un championnat… Désormais, elle va pouvoir se donner à fond », avance Denis Colovic.
Voilà, c’est fini. Ou alors tout commence.
Pierre Théobald (Le Courrier de l’Ouest / 31 juillet 2012)
1. Elena et Loeb. La fin d’un couple exceptionnel : Jacques Hébert (Ouest-France)
2. Teddy Winner : Laurent Rivier (Le Télégramme)
3. Loin de la Can, le quotidien des chômeurs africains Arnaud Huchet (Ouest-France)
4. Bresset. Entre triomphe et émotion : Matthieu Huet (Le Télégramme)
5. « Je suis un ex-dopeur » : Jean-François Quenet (L’Equipe)
6. Salut Thierry : Jérôme Bergot (Ouest-France)
7. Flessel, l’adieu aux lames : Pierre Théobald (Le Courrier de l’Ouest)
8. Le bleu des sentiments : Laurent Rivier (Le Télégramme)
9. Les hommes de l’ombre : Jean-François Quénet (L’Equipe)
10. Gildas Morvan, la mer patrie : Eric Horrenberger (Ouest-France)
11. A Londres, des jeunes filles en pleurs : Pierre Théobald (Le Courrier de l’Ouest)
12. Vélo. L’incroyable Monsieur Velly : Jérôme Le Gall (Le Télégramme)
13. Rien ne ressemble à Carbay : Freddy Reigner (Le Courrier de l’Ouest)
14. Klervi, au nom du père : Pierre Bernard (Le Télégramme)
15. Lemaitre, le naturel au grand galop : Tristan Blaisonneau (Courrier de l’Ouest)
16. Mathis, l’ami public n°1 : Pierre Bernard (Le Télégramme)
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18. Stanislas Salmon, le gentil boxeur : Dominique Faurie (Ouest-France)
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21. L’homme qui valait 500 matches : Gildas Crozon (Le Courrier de l’Ouest)
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23. Donetz, cette étrange capitale du football bleu: Jérôme Bergot (Ouest-France)
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25. « J’ai trinqué avec un triple champion olympique » : E. Horrenberger (Ouest-Fr.)
26. Le retour aux sources de Jacky Durand : Q. Lanvierge (Courrier de la Mayenne)
27. Lecu, sept éternel ! François Lacroix (Le Courrier de l’Ouest)
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30. William Molas, le géant vert : Luc Besson (Le Télégramme)
31. Un week-end en Corse : Dominique Faurie (Ouest-France)
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33. Catherine n’a jamais vu Paris, elle y va à vélo : François Simon (Ouest-France)
34. Tony Moulai, la doublure : Adeline Sennecheau (Mois par mois)
35. Zlatan le surdoué, star orgueilleuse du foot: Arnaud Huchet (Ouest-France)
36. Que faisiez-vous le 8 juillet 82 ? Eric Daniellou (Le Télégramme)
37. Arribas à la postérité : Laurent Battarel (Presse Océan)
38. La boxe, c’est toute notre vie : Kathy Paris (Le Maine Libre)
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Textes présentés par le Centre-Charentes-Poitou
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42. Le plastique c’est fantastique : Pierre-Yves Croix (La Nouvelle République)… et les 17 photos Photos présentées par l’Ouest
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15. Contrôle aérien : Damien Meyer (AFP Rennes)
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17. L’hommage du buteur (O. Giroud) au ballon : Damien Meyer (AFP Rennes)
Jean-Sébastien Evrard récompensé
En présence de Claudy Lebreton, président du Conseil général des Côtes d’Armor et de Mathieu Coureau, lauréat national du prix LCL-UJSF textes en 2011, Sophie Moressé-Pichot, responsable du sponsoring de LCL a repris son prix – une magnifique montre chrono, à Jean-Sébastien Evrard, lauréat en 2011 du concours photos Ouest-Centre.